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VILLE D'ART ET D'HISTOIRE
Classée Ville d’Art et d’Histoire le 23 février 1990 par la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites, la ville de SAINT- PIERRE a entrepris un vaste programme de restauration et d’aménagement de ses sites... Pour véritablement découvrir, même en peu de temps, l’extraordinaire histoire de SAINT- PIERRE et celle du " petit paradis des Antilles ", plusieurs possibilités s’offrent à vous...
La baie de Saint-Pierre
L'HISTOIRE DE SAINT-PIERRE par Louis PIERRE-CHARLES, ancien Maire de SAINT-PIERRE (1989-2001)
C'était le 15 Septembre 1635.  Pierre Belain d’ESNANBUC, gentilhomme normand, à la tête de cent hommes aguerris et bien armés, après avoir fait le tour de l’île, se décidait à jeter l’encre à l’embouchure de la rivière aux eaux claires à laquelle il donnait le nom de son navire amiral ROXELANE. Séduit par le calme de la baie et la majesté de la montagne qui veillait sur l’étendue, D’ESNANBUC décida de s’y fixer.
Il construisit donc à l’embouchure de la Roxelane, un fortin auquel il offrait le nom de son Saint Patron, le Fort Saint- Pierre et, après avoir fait chanter le Te Deum, il prenait possession de l’île de la MARTINIQUE, au nom du Roi de France, des Seigneurs de la Compagnie et de la Sainte Eglise Catholique, Apostolique et Romaine
    Le fortin construit par D’ESNANBUC ne tardait pas à recevoir d’autres aventuriers et après quelques sanglants échanges avec les Caraïbes, farouches défenseurs de leur Madinina, les français s’implantaient solidement et le fort Saint-Pierre se muait en Saint-Pierre Fort. Il n’est un secret pour personne - et surtout pas en MARTINIQUE - que les marins ne demeurent pas loin de leurs navires. Aussi s’étant aperçu que le mouillage était plus aisé vers le Sud, on prit l’habitude d'y jeter l’encre, donnant ainsi naissance au nouveau quartier Saint-Pierre Mouillage.
Ainsi commençait à se peupler et se développer ce qui ne tardait pas à devenir la Ville de SAINT PIERRE avec ses trois quartiers: le Fort, le centre et le Mouillage. Ainsi commence donc l’histoire de notre île, car à SAINT PIERRE et avec SAINT PIERRE commence l’histoire de la MARTINIQUE. L’histoire, c’est bien sûr Pierre Belain D’ESNANBUC mais surtout son neveu DUPARQUET, premier gouverneur, puis Seigneur et propriétaire de l’île.
   L’histoire, c’est Saint-Pierre de la MARTINIQUE, terre d’accueil des normands, des bretons, des gascons venus chercher fortune aux Isles. Terre de refuge des Cadets de famille chassés du domaine familial par la rigueur du droit d’aînesse. Terre d’enracinement des premiers français qui ont nom de LAGUARIGUE, ASSIER DE POMPIGNANT, De SURVILLIERS, LA ROCHETIERE, De REYNAL... noms aujourd’hui bien de chez nous. L’histoire, c’est SAINT-PIERRE, terre de la purification, de la conversion ou de la reconversion des filles de petites vertus, ramassées sur les ports de France, excommuniées des églises, pour l’incompatibilité de l’esprit qui s’est fait chair d’avec la commercialisation de la chair et qui pour avoir franchi le tropique, se retrouvent vertueuses et catéchèses. Terre de l’asservissement des cargaisons de bois d’Ebène achetées par les armateurs de Nantes, de Bordeaux, arrachées à leur Afrique natale et déversées sur la place du mouillage avec pour seul soutien, la chaîne. Seul devenir : l’exploitation Seul interlocuteur : le fouet Mais surtout, Terre d’espérance pour tous ceux qui, ayant foi en leur naissante colonie, œuvraient pour transformer le quartier créé autour du Fortin construit par Pierre Belain D’ESNANBUC, en une Ville digne de ce nom.
L’ histoire à SAINT-PIERRE, c’est encore les Frères de PLÖERMEL dispensant aux nouveaux libres les premiers rudiments de lecture et d’écriture et puis, changement d’époque, les fils de SAINT-PIERRE ayant nom HURARD, CLAVIUS MARIUS, DESROGES, faisant voter par le Conseil Général de la MARTINIQUE, dès 1871 la gratuité de l’enseignement (le reste de la France a attendu Jules FERRY, en 1881), puis construisant à SAINT-PIERRE le premier lycée de la MARTINIQUE.
L’histoire, c’est aussi Adèle HUGO, en désespoir d’amour et réfugiée à SAINT-PIERRE qui obtient le pardon de son père, grâce à l’intervention de Monsieur VERDET, commerçant à SAINT-PIERRE et admirateur de l’illustre poète. Point de rencontre d’une population bigarrée, avide de plaisir et de réjouissances, SAINT-PIERRE s’était faite la réputation d'une Ville où l’on s’amuse bien. Vie nocturne aux rencontres en cachette, souvent dévoilée par la chanson qui épie, qui guette et diffuse l’événement sur la Place publique.
  Carnaval endiablé où l’on se défoule, où l’on s’oublie, où l’on n’épargne quiconque. Libertinage des hommes. Provocation des femmes. Sermon des prêtres. Pater-Noster des nones. C’était tout cela SAINT-PIERRE, la folle et industrieuse ville. Au matin du 20ième siècle, en ce jeudi 8 mai 1902, à l’exemple de la reine du conte de Perrault, SAINT-PIERRE se contemplait en son miroir d’orgueil et lui posait la rituelle question : "Dis-moi miroir, quelle est la plus belle, la plus cultivée, la plus agréable des villes des Antilles ? " Et la vaniteuse s’entendait répondre "La plus belle cité, c’est toi SAINT-PIERRE et tu peux en être fière,
  Fière de tes édifices publics aussi beaux les uns que les autres : La somptueuse cathédrale. L’élégante bourse de commerce. La magnifique mairie. L’imposant théâtre. Fière de tes fontaines, de tes jardins publics et privés, fière de l’eau qui coule en abondance dans tes canaux.    Fière de tes maisons cossues presque toutes bâties en pierre de taille, de tes loges maçonniques, de ton lycée, de ton séminaire collège. Fière de ton commerce, de ton port actif, de tes grands magasins, de tes riches bijouteries. Fière des tes 20 rhumeries, de ta fabrique d’allumettes, de ton électricité, de ton téléphone, de ton tramway. Fière de ton jardin botanique, de tes places publiques grouillantes de vie. Fière de ta vie de tous les jours et de ta vie nocturne.
   En un mot, par la voix de son miroir, SAINT-PIERRE était fière d’elle-même. Provocatrice, elle a peut-être vexé la PELEE. Alors sur elle, la montagne dépêcha une nuée ardente qui, en moins de 3 minutes détruisit la vaniteuse cité, faisant d’un seul coup 30 000 victimes. Et pourtant, dès la fin de Mars, la PELEE s’était signalée par des odeurs de soufre et des secousses sismiques. Et pourtant, durant le mois d’avril, les phénomènes allaient s’amplifiant mais les pierrotins stoïquement n’abandonnaient pas leur cité ; vivaient sous les pluies de lapillis et les pluies de cendre ; organisaient des excursions sur les flancs de la montagne pour voir de plus près ; s’enflammaient pour les élections législatives prévues pour le dimanche 11 mai.
 Le lundi 5 mai, un torrent de boue dévalant de la montagne emprunte le lit de la rivière sèche et arrache l’usine Guerin située à son embouchure faisant les 25 premières victimes de la PELEE. Loin de jeter le trouble, le cataclysme conforte la commission scientifique dans sa théorie : il n’y a pas de danger pour Saint- Pierre. En cas d’éruption, les huit rivières entre SAINT PIERRE et LE PRECHEUR permettront d’évacuer toutes les coulées de lave avant qu’elles n’atteignent la ville. Mais hélas, ils ne connaissaient pas le mystère de la PELEE.  La nuée ardente, nuage chargé d’eau, d’électricité qui s’échappant des flancs de la montagne, produisait un phénomène de fission, laissant derrière elle un spectacle de désolation, une vision d’apocalypse. Recouvrant dans une poudreuse égalité Les somptueuses demeures et les cases des pauvres.
    Les chaudes Titanes et les dames vertueuses Les Frères de l’Eglise et les Frères de la Loge Les partisans de Percin et les amis de CLERC. La MARTINIQUE, en cet instant, se voyait décapitée. La faim, la peur étreignaient l’île toute entière.        Plus de nourriture, les entrepôts de SAINT PIERRE n’existaient plus. Plus d’autorité, le Gouverneur, le Colonel avaient péri dans la tourmente. Point de salut divin, l’évêque, le Haut Clergé avaient été rappelés par Dieu. Un seul survivant, Samson Cyparis, prisonnier turbulent qui, croupissant au fond de son solide cachot, survécu alors que ses juges allaient comparaître devant l’Eternel.
    La désolation était dans l’île ; la peur étreignait tous les ventres, tous avaient peur car le monstre ne s’était pas assoupi et les plus braves avaient peur d’avoir peur. Samson Cyparis Qu’était donc devenue l’orgueilleuse cité ? Pauvre ville aux cent croix pliées sous son fardeau ? Pauvre fille de joie traînée dans le ruisseau ? La Roxelane pour elle a cessé de chanter ? La cathédrale pour elle a cessé de prier ? Elle s’est laissée mourir, elle s’est laissé pleurer ? Poudreuse nécropole, elle s’est laissé piller. Pillage d’amateur, pillage officiel.
   Pillage d’amateur car dès le lendemain de l’éruption ils étaient venus des îles d’à coté, des communes voisines. On venait " zailler " à SAINT PIERRE, c’est-à-dire que sous couvert de tenter de retrouver quelques familiaux, on repérait les magasins d’articles de luxe, les grandes bijouteries, les maisons cossues et on repartait avec son butin ; ainsi nombre d’individus pauvres hères à la veille de l’éruption sont- ils devenus opulents bourgeois et grandes dames.
   Pillage officiel car l’Etat se dépêche de s’emparer de l’or et des numéraires des banques de SAINT PIERRE, délègue une commission chargée de récupérer les bijoux se trouvant sur les nombreux cadavres avec promesse de les restituer aux familles des chers disparus.
A ce jour, aucun parent de nul cher disparu, n’a connu la moindre restitution. On vient à SAINT PIERRE chercher du marbre, récupérer des fontaines, s’attribuer des statues, s’emparer des canons. L’Eglise, elle même, n’est pas en reste ; elle fait disparaître le bourdon de la cathédrale que l’on doit sortir des caves du Vatican. Le maître autel de la Cathédrale est retrouvé dans un village du Nord de la France. Un bénitier de cette même cathédrale se trouve encore aujourd’hui en l’église Saint- Laurent dans le 10ème arrondissement de Paris. Et puis s’abat sur la cité déjà martyre et martyrisée la Loi du 15 février 1910 qui raye SAINT PIERRE de la carte des communes de France et confie son territoire à la gestion de la commune voisine du Carbet.
   Loi qui autorise la commune accueillante à vendre le patrimoine de la commune supprimée et à garder le bénéfice qui se dégagerait de la liquidation de la commune supprimée. Alors on vend, on vend.   On vend, entre autres, l’école du fort, la Bourse du Commerce, l’ancienne geôle de SAINT PIERRE, on confie par bail emphytéotique pour 99 ans le marché du Fort à une société. On vend des ruelles, on vend même une partie de la canalisation de la source Morestin, enfin... on vend et on vendrait jusqu’à la Montagne PELEE
     Heureusement, ils n’étaient pas tous morts les Pierrotins. La poignée de survivants ne pouvait admettre que la Ville fût ainsi livrée à la curée. A coup de pétitions, de motions d’adresses, ils entreprirent la lutte de la reconquête de la SAINT PIERRE. Et le 20 mars 1923, une loi créait une nouvelle commune de SAINT PIERRE, dans les limites de l’ancienne cité. La première commission municipale, présidée par Louis ERNOULT, ancien adjoint au Maire de la Ville de SAINT PIERRE, comptait deux autres membres, Saint-Ange BERTHE et Paul PIERRE-CHARLES. FIN
Les monuments aux morts apparus après la guerre de 1870 à 1871, se sont surtout généralisés après la guerre de 1914-1918 eu égard aux 1,5 millions d’hommes morts aux combats, sur 8 millions d’hommes mobilisés. Trente-deux milles Antillais y ont laissés leur vie. La ville de Saint-Pierre étant rayée des cartes des communes de France en 1910, puis réhabilitée en 1923, n’a pas eu d’enfants morts pour la patrie durant cette grande guerre d’où cette absence de « monuments aux morts ». Le dépôt de gerbe se fait au pied du monument à la Liberté
Monument à la Liberté à coté du buste de Victor Schoelcher
Histoire de la ville